Le "Coq de Paulus" était exposé au Palais des Princes-Évêques à l'occasion des Fêtes de Wallonie 2023. Quel meilleur moment que les Fêtes de Wallonie pour évoquer le drapeau wallon et le Chant des Wallons? Connaissez-vous leur origine et leur signification? Saviez-vous que les originaux sont exposés et conservés au Musée de la Vie wallonne?
Habituellement exposé au Musée de la Vie wallonne de la Province de Liège, le "coq de Paulus" fait l'objet d'une exposition au Palais des Princes-Évêques à l'occasion des Fêtes de Wallonie 2023.
L'aquarelle représente le coq hardi dessiné par le peintre Pierre Paulus (1881-1959). Cette œuvre servira de modèle au drapeau wallon. Le choix du coq repose sur le fameux calembour latin : gallus signifiant à la fois 'coq' et 'gaulois'. Mais ce symbole ne fait pas l'unanimité dans les rangs des militants. Parmi les propositions d'emblème, citons le perron liégeois, l'alouette, l'étoile, le taureau, ou encore le sanglier. Après de longs débats, l'Assemblée wallonne opte pour le coq hardi, terme d'héraldique, qui désigne un coq représenté une patte levée.
Parallèlement à la problématique de l'insigne se pose la question du choix des couleurs. En juin 1913, l'Assemblée wallonne statuera : « La Wallonie adopte pour drapeau le coq rouge sur fond jaune, cravaté aux couleurs nationales belges. Ses armes seront le coq hardi de gueules sur or, avec le cri: "Liberté" et la devise: "Wallon toujours"».
(texte extrait du Guide du visiteur du Musée de la Vie wallonne)
Illustration : aquarelle de Pierre Paulus représentant le coq hardi. Dessin original servant d'emblème et de drapeau à la Wallonie, 1912. n°2205572
Le "coq de Paulus" est exposé dans le parcours de référence du Musée de la Vie wallonne de la Province de Liège mais vous pouvez également consulter la notice qui lui est consacrée dans les collections du Musée de la Vie wallonne.
Paroles de Théophile Bovy, Musique de Louis Hillier
Illustration: la partition originale manuscrite du « Tchant dès Walons », 1901.
Parolier : Théophile Bovy et compositeur : Louis Hillier.
La partition est conservée dans les réserves des Collections du Musée de la Vie wallonne de la Province de Liège (Ref: n°2028001)
Li Tchant dès Walons
I.
Nos-èstans fîrs di nosse pitite patrèye,
Ca lådje èt long, on djåse di sès-èfants.
Å prumi rang on l'mèt' po l'industrèye
Et d'vins lès-årts èle riglatih ot'tant.
Nosse tére èst p'tite, mins nos-avans l'ritchèsse
Dès-omes sincieûs qu'anôblihèt leû nom.
Et nos-avans dès libèrtés timpèsse :
Volà poqwè qu'on-z-èst fîr d'èsse Walon !
II.
Di nosse passé, qwand c'èst qu'on lét l'istwère,
On s'rècrèstêye vormint à chaque foyou,
Et nosse coûr crèh' qwand c'èst qu'on tûse al glwère
Di nos vîs péres qui n'avît måy pawou.
C'est gråce a zèls qui n'djouwihans dèl påye,
Il ont språtchî l'inn'mi d'zos leû talon;
On l'z-a r'clamé lès pus vaillants qu'i-n-åye:
Volà porqwè qu'on-z-èst fîr d'èsse Walon !
III.
On s'veût vol'tî inte frés dèl Walon'rèye
Et l'on-z-èst prèt'onk l'aûte a s'diner l'main ;
On s'fait plaisir bin sovint sins qu'on l'dèye,
Nouk ni s'hågnêye qwand c'èst qu'i vout fé l'bin
Li tcharité qui mousse èl mohinète
N'î va qu'al nut' avou mèye précôcions ;
Li pô qu'on done on n'èl donne qu'è catchète :
Volà porqwè qu'on-z-èst fîr d'èsse Walon !
IV.
Pitit payîs, vos qu'a tant d'grandeûr d'åme,
Nos v's-inmans bin, sins qu'nos l'brèyans' tot haut ;
Qwand on v'kidjåse, ås-oûy montèt nos låmes
Et nos sintans nosse coûr bate a gros côps !
N'åyiz nole sogn' èt vikéz-è liyèsse
Di vos-èfants lès brès èt l'coûr sont bons,
Et nos-avans lès dj'vès fwért près dèl tièsse :
Volà porqwè qu'on-z-èst fîr d'èsse Walon !
Le Chant des Wallons / Li Tchant dès Walons
Paroles de Théophile Bovy Musique de Louis Hillier
Texte publié par l'Assemblée wallonne [1937]
I
Nous sommes fiers de notre Wallonie,
Le monde entier admire ses enfants.
Au premier rang brille son industrie,
Et dans les arts on l'apprécie autant.
Bien que petit, notre pays surpasse
Par ses savants de plus grandes nations;
Et nous avons des libertés en masse:
Voilà pourquoi l'on est fier des Wallons!
II
Quand on relit les faits de notre histoire,
À chaque page on se sent transporté;
Et l'on tressaille en pensant à la gloire
De nos aïeux qui n'ont jamais tremblé.
Quand l'ennemi voulut les rendre esclaves,
Il fut vaincu, broyé sous leur talon;
César les a proclamés les plus braves
Voilà pourquoi l'on est fier des Wallons!
III
Entre Wallons toujours on fraternise,
Dans le malheur on aime à s'entr'aider;
On fait le bien sans jamais qu'on le dise,
Chacun s'efforce de le tenir caché.
La charité, visitant la chaumière, S'y rend le soir avec cent précautions;
On donne peu, mais c'est d'un cœur sincère
Voilà pourquoi l'on est fier des Wallons!
IV
Petit pays, c'est pour ta grandeur d'âme
Que nous t'aimons, sans trop le proclamer;
Notre œil se voile aussitôt qu'on te blâme
Et notre cœur est prêt à se briser. Ne crains jamais les coups de l'adversaire,
De tes enfants, les bras te défendront;
Il ne faut pas braver notre colère Voilà pourquoi l'on est fier des Wallons!
Avant 1898, la fierté de la race et du passé collectif s'étaient logés dans des chants régionaux divers qui faisaient office d'hymnes locaux: le Valeureux Liégeois, Li bia bouquet, Pays de Charleroi, El doudou, et d'autres. Notre Brabançonne nationale et ces derniers suffisaient alors à satisfaire les élans patriotiques des Wallons.
Cependant, l'engouement des Flamands pour leur Vlaamse Leeuw et l'émergence progressive des mouvements wallons poussent la Ligue wallonne de Liège à organiser, en 1900, un concours en deux étapes, destiné à couronner un chant qui servirait de ralliement. La Ligue exige, pour la première partie de l'épreuve, un texte en wallon énergique et patriotique, que tous les Wallons auraient en tête à la moindre occasion. Le choix de la langue peut surprendre quand on connaît sa diversité, c'est pourtant une façon de se positionner face au Vlaamse Leeuw et à la Brabançonne francophone.
Parmi les 48 textes proposés au jury, aucun ne parvient à remporter le premier prix. C'est celui de Théophile Bovy, auteur liégeois et directeur de la gazette Li Clabot, qui est retenu comme deuxième prix. Les jurés, légèrement déçus, attendaient un chant de type militaire, guerrier. Bovy préfère louer la terre wallonne, sans invectiver la Flandre, ni prêter allégeance à la France. C'est certainement la neutralité du texte qui lui a valu succès et longue vie. En 1902, pour la seconde partie de l'épreuve, on demande de mettre en musique le texte de Bovy. Là aussi, aucune mélodie ne fait l'unanimité et c'est un autre Liégeois, Louis Hillier, qui obtient le deuxième prix.
Malgré les désillusions du jury, la Ligue wallonne s'active pour diffuser le chant et celui-ci est plébiscité en province de Liège. Le succès mitigé qu'il rencontre ailleurs est peut-être dû au fait que les adaptations dans les autres langues dialectales tardent à venir.
Il faudra attendre dix ans et les congrès de 1913, visant à instituer les symboles de la Wallonie, pour que les diverses versions du chant soient reconnues comme hymnes de l'Assemblée wallonne. Ce n'est pourtant qu'en 1998 que le Gouvernement de la Région wallonne choisit officiellement le Chant des Wallons comme hymne, aux dépens de nombreuses autres propositions. La version française est officiellement établie, même si elle reste discutée. Beaucoup ont estimé que le choix de ce chant ne collait plus vraiment avec les réalités actuelles des Wallons. Nos responsables politiques ont préféré conserver le Chant des Wallons en raison de son historicité mais aussi comme un objectif vers lequel nous devons tendre.
Texte extrait de "100 fragments d'histoire", édité à l'occasion des 100 ans du Musée de la Vie wallonne