Musée de la Vie wallonne

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Focus

La carte porcelaine : une curiosité à découvrir

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Un imprimé... impressionnant !

Et maintenant, une petite devinette : qu'est-ce qu'une carte porcelaine ? Plutôt étonnant comme terminologie. Contrairement à ce que ce nom semble indiquer, il ne s'agit pas du tout d'un objet en porcelaine. En réalité, la carte porcelaine est un document imprimé qui présente des caractéristiques spécifiques.

Petit historique

C'est dans la 1ère moitié du 19ème siècle qu'est apparue la carte porcelaine. Cette appellation est due à la technique employée pour la réalisation de ce type de document. Les sujets, les motifs décoratifs et les éléments calligraphiés sont d'abord imprimés à partir d'une pierre lithographique sur un carton épais, recouvert ensuite de céruse, ce qui lui confère son aspect blanc, lisse et brillant comme de la porcelaine.

La céruse, également appelée blanc de Saturne, blanc de plomb ou encore blanc d'argent, est un pigment blanc opaque, fabriqué à partir de plomb, dont la toxicité est connue dès l'Antiquité. En raison de la dangerosité que représente la céruse pour celui qui la manipule, son usage a finalement été interdit, ce qui explique sa disparition progressive au début des années 1870. Pour pallier à cette interdiction, divers procédés ont été mis au point, mais aucun d'entre eux ne permettra d'atteindre la brillance et l'éclat obtenus par le façonnage originel.

Caractéristiques de la carte porcelaine

C'est principalement en Belgique que s'est développée la carte porcelaine, notamment dans les villes d'Anvers, Bruges, Bruxelles, Gand, Liège, Mons, Namur, où plusieurs ateliers se spécialisent dans l'impression de ces documents.

La plupart du temps, la carte porcelaine se présente sous la forme d'un document de petit format, notamment lorsqu'elle sert de carte de visite. Mais elle peut aussi être de plus grande dimension, lorsqu'il s'agit de menus, de diplômes ou d'invitations. La plus grande carte que le Musée possède dans ses collections est un poème en l'honneur du comte d'Oultremont, datant de 1840 et mesurant 64 centimètres de hauteur, ce qui est tout à fait exceptionnel !

Au niveau des coloris utilisés, la carte porcelaine peut être en noir et blanc. Mais grâce à un procédé mis au point en Belgique, les cartes peuvent également se parer de couleurs vives (rouge, or, bleu, argent…) et devenir ainsi de superbes objets, recherchés par les collectionneurs. Dans un premier temps, l'illustration est gravée sur une pierre lithographique. Ensuite, la gravure est imprimée sur le carton en utilisant une encre dite gluante, généralement bleue, qui nécessite plusieurs heures de séchage. Enfin, les poudres métalliques sont appliquées au tampon et la carte est mise à sécher. La dernière opération consiste à enlever à la brosse les excès de poudre. Comme ce procédé est manuel, aucune carte porcelaine en couleurs n'est jamais totalement identique à une autre.

Usages de la carte porcelaine

La carte porcelaine connaît de multiples usages. Elle sert de menus, de carnets de bal, de diplômes ainsi que de cartons d'invitation pour des bals, des concerts ou d'autres types de festivités. Mais son usage essentiel est d'ordre publicitaire. Dans ce cas, la carte porcelaine est utilisée comme une carte de visite.

En ce qui concerne sa présentation, la carte porcelaine peut être d'aspect très simple, notamment lorsqu'elle fait office de carte de visite. Dans ce cas, les seules mentions reprises seront le nom du commerce ou de la société, son adresse, le nom du responsable, du représentant, du commerçant ou de l'artisan ainsi que le type de produit vendu ou confectionné. Mais le plus souvent, l'imprimeur laisse libre cours à son imagination, enjolivant ainsi la carte de motifs riches et variés. La variété des détails représentés est très large. On peut notamment trouver le type de marchandises vendues ou fabriquées, voire le service proposé par la personne ou la société au nom de laquelle la carte a été réalisée. C'est ainsi que sont représentés des armes (fusils, pistolets, sabres, épées), des vêtements ou accessoires de mode (châles, chapeaux, chaussures, costumes), du mobilier (tables, chaises, armoires…), des instruments de musique (pianos, trompettes…), des moyens de locomotion (bateaux à vapeur, véhicules hippomobiles) ou des machines et éléments mécaniques divers… Souvent aussi, la carte porcelaine reproduit des vues de commerces (intérieurs et extérieurs), de salles de spectacles, d'hôtels, d'usines, de fabriques, de manufactures, de rues, de monuments ou de sites urbains. Enfin, il est fréquent de trouver des représentations allégoriques, des éléments floraux ou végétaux, des blasons, des armoiries, des médailles (renvoyant à des prix gagnés lors de concours, foires ou expositions) ainsi que des drapeaux.

L'ajout de couleurs confère en outre un attrait supplémentaire à la carte porcelaine, en la parant de splendides coloris qui attirent le regard et font de ce type de document un objet de grande valeur artistique.

Un engouement pour plusieurs raisons !

Cette variété dans les thématiques représentées ainsi que la qualité de ces cartes en ont fait, depuis leur apparition, des objets recherchés et collectionnés, parfois rassemblés dans des albums. Cet engouement est toujours aussi vif chez certains collectionneurs et spécialistes.

Le Musée conserve, au sein de ses collections, plusieurs centaines de cartes porcelaine. Il s'agit d'un patrimoine précieux, car outre son intérêt esthétique, la carte porcelaine constitue une formidable source d'information pour l'étude de tout un pan de la société du 19ème siècle par le biais de l'histoire des commerces de détails, des hôtels et restaurants, des artisans, des fabriques, usines et manufactures, des entreprises de transport, des loisirs…

Un récolement de ce fonds est actuellement en cours : plus de 200 fiches sont consultables via le catalogue en ligne du musée : http://collections.viewallonne.be?queryid=ba1f79b9-c9a8-4750-9140-68f4795fced3

Anne Stiernet, Responsable du département des Archives générales

Légendes des illustrations :

1. Maison d'accouchement Quiriny à Ixelles, 1830-1840

2. A. D. Pfeiffer, tailleuse en robes à Liège, 1830-1865

3. B. Boué, libraire, imprimeur et lithographe à Charleroi, 1830-1865

4. Michel Cremetti, lithographe à Liège, 1840-1854

5. Atelier de construction de machines H. Pirotte et O. Libotte à Liège, 1830-1865

6. Etablissements lithographiques des frères Hahn à Verviers, 1840-1860

7. N. Delannoy, fabricant de chocolat à Tournai, 1843-1855

8. N. Vivario-Plomdeur, fabricant d'armes de guerre, de luxe et d'exportation à Liège, 1830-1840

9. Manufacture de pianos de Joseph Florence à Bruxelles, 1848-1855

10. Manufacture de draps François Hauzeur et Cie à Verviers, 1830-1865

11. Menu du banquet offert par le gouverneur de la Province de Namur au Conseil provincial, 5 juillet 1854

12. Diplôme décerné par la société agricole de Liège, 1840

13. Publicité pour le café de la Renaissance à Liège, 1860

14. J. Hartmann, pâtissier confiseur à Liège, 1830-1865

15. Hôtel de Belle Vue, tenu par J. Maréchal à Namur, 1830-1865

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