Grâce aux subsides accordés par le Fonds David-Constant, une robe précieuse du début du 20e siècle a pu être restaurée.
Le Musée de la Vie wallonne bénéficie une nouvelle fois du concours du Fonds David-Constant, dédié entre autres à la préservation et la valorisation du patrimoine liégeois. Grâce aux subsides accordés, une robe précieuse du début du 20e siècle a pu être restaurée par Mme Maria Springael, restauratrice spécialisée dans le textile dont l'atelier se situe à Halle.
Belle Epoque et bourgeoisie
La bien nommée Belle Epoque à laquelle cette robe a été créée est marquée par l'expansion économique et l'insouciance de ces années précédant la grande guerre. On y assiste à l'émergence d'une bourgeoisie citadine avide de spectacles et réceptions diverses, fréquentant les stations balnéaires l'été et préoccupée de respectabilité et de bonnes manières.
Cette robe a été portée, lors du mariage de sa fille, par l'épouse de Paul Questienne dont la famille symbolise très bien la bourgeoisie liégeoise de cette époque. Les Questienne ont doté la Cité ardente d'un autre joyau du patrimoine : la maison qu'ils ont fait ériger rue Sohet, en 1891, par l'architecte Paul Jaspar. Celle-ci est ornée d'un sgraffite rappelant la profession d'ingénieur civil du propriétaire.
Vers plus de liberté
Cette robe reflète bien l'évolution suivie par la mode féminine en 1900. Avec l'abandon de la tournure et l'adoption d'un corset plus léger, la silhouette s'assouplit. La jupe perd de son ampleur. Le corsage moule le buste et les hanches, affine la taille et marque la cambrure des reins. Affranchie des contraintes du 19e siècle, la mode fait un premier pas vers l'émancipation féminine des années 1920.
Réalisée en taffetas de soie noire moirée, elle est garnie d'un empiècement de soie vert pâle recouvert de mousseline noire ornée de petits plis. Elle est agrémentée d'arabesques de tulle brodé et de galons de velours noir. Les manches longues sont bordées de mousseline plissée. Comme beaucoup de robes de ce début de siècle, elle est parée d'un petit col montant bordé d'un ruché de mousseline écrue plissée. Un grand col couvre les épaules. Le bas de la robe est décoré de deux larges bandes de mousseline de soie noire froncées et doublé de soie vert pâle festonnée. Elle se termine dans le dos par une petite traîne.
Préserver, tout un art
La restauration de cette magnifique robe confectionnée dans des matières très fragiles et ayant subi les affres du temps s'avérait nécessaire. Les coutures s'ouvraient, la soie se désagrégeait, la mousseline de soie s'effilochait.
La robe a d'abord été démontée. Les parties les plus faibles ont été doublées après réparation afin d'en assurer la consolidation.
Une nouvelle vie
Le soutien apporté par le Fonds David-Constant permet l'exposition d'une pièce représentative de son époque. Cette robe est présentée dans le musée dans l'espace consacré à la mode. La durée d'exposition d'une pièce textile ne pouvant idéalement excéder 6 mois, cette restauration constitue une étape dans la démarche de renouvellement des pièces de la collection textile exposées. Une rotation entre les vitrines et les réserves du musée est programmée sur base d'expositions thématiques. La première est consacrée au mariage.
Cette robe est également visible dans le catalogue en ligne des collections, via le site web du Musée (http://collections.viewallonne.be )
B.L. - Collaboratrice Département Objets-Réserves (textile)
Légendes des illustrations :